Passeport CEMAC: on n'y est pas toujours

Publié le par darnainfo

 

L’acquérir relève de l’exploit et il a du mal à consacrer la libre circulation des personnes et des biens dans la sous région Afrique centrale. Selon des sources policières, c’est par centaines que les camerounais essaient au quotidien, de se procurer ce document précieux.

Cet engouement de nos ressortissants contraste cependant avec les difficultés liées à son obtention du passeport Cémac continuent d’alimenter la polémique et sont de nature à décourager les demandeurs les plus impatients. « Le montant officiel des dépenses pour l’acquérir tourne autour de 60.000FCFA, pour une durée de livraison qui peut atteindre les trois mois. C’est très long », affirme Gaël P. jeune informaticien désireux de poursuivre ses études d’ingénieur au Maroc. Fabien, journaliste sportif, tente en ce moment de se faire établir le nouveau passeport dans l’optique de son départ pour le mondial de football en Afrique du sud.

La livraison va prendre du temps et il ne peut rester inactif. A quelques jours du match d’ouverture, ce confrère tente de faire accélérer la procédure sans succès. Mais le directeur de la police des frontières est en mission et son adjoint, le commissaire divisionnaire Ngah Didier, nommé à ce poste il y a environ deux mois, dit ne pouvoir y faire grand chose. « Je vais tenter de rencontrer madame le Sous directeur comme me l’a demandé le directeur adjoint. On dit qu’elle est capable de me faire obtenir cela même en deux jours si elle veut. C’est la seule solution, car je ne peux me procurer le passeport express que les gens me proposent à 200.000 FCFA », déclare l’air un peu déçu mais déterminé, l’homme de radio qui rejoint aussitôt une file d’attente dans un couloir du bâtiment abritant les services de la police des frontières.

Georges Ngaging, marchand de vivres, a de son côté des problèmes d’un autre genre. Il est détenteur du passeport Cemac mais connaît les mêmes difficultés de déplacement que par le passé. « Avec l’ancien passeport, c’était compliqué d’entrer en Guinée équatoriale et au Gabon notamment.

Réticences

Aujourd’hui, avec ce document Cemac-là, j’ai l’impression que les contrôles sont devenus plus durs et les tracasseries pour nous autres commerçants encore plus nombreuses. Rien n’a changé, au contraire», affirme-t-il. Une opinion qu’une source au ministère des relations extérieures explique : « si la Guinée Equatoriale et le Gabon sont réticents à l’extension du passeport Cémac c’est d’abord, disent-ils, pour des raisons sécuritaires liées aux nombreux abus commis par les étrangers dans ces pays.

Notamment par les camerounais qui se comportent très mal et dont beaucoup préfèrent l’illégalité. Il s’agit d’un repli sécuritaire qui, il est vrai, freine la libre circulation des personnes et des biens ». Nous apprendrons plus tard que ces deux pays, les plus petits en taille de la sous région, exigent la mise en circulation d’une version biométrique du passeport. Version qui tarde à venir depuis le 1er janvier 2010, date annoncée comme celle de sa vulgarisation.

Depuis le 21 juillet 2000, date d’adoption par le conseil des ministres de la Cémac du règlement instituant le passeport Cemac, la production et la détention de ce document sont difficiles et semblent n’avoir rien changé aux modalités de voyages dans la sous région. La libre circulation en Afrique centrale reste pour ainsi dire, un voeu pieux que seule une véritable volonté politique, peut faire mentir.

REPÈRES CHRONOLOGIQUES

21 juillet 2000 à Bangui (RCA) : adoption par le conseil des ministres du règlement N°1/00-CEMAC-042-CM-04 instituant le passeport Cemac.

03 août 2002 : la décision N°16/02-UEAC- 042-CM-08 donne mandat au secrétariat exécutif de produire les premiers passeports Cemac. 2400 passeports dont 1200 ordinaires, 600 de service et 600 diplomatiques sont par la suite confectionnés par l’imprimerie FCO Fiduciaire en France.

Janvier 2003 à Libreville (Gabon) : les premiers carnets de passeport sont remis aux chefs d’Etat de la communauté d’Afrique centrale. S’en suit le dépôt de
400 passeports par pays (200 passeports ordinaires, 100 passeports de service et 100 passeports diplomatiques) dans les six Etats de la sous région.

25 avril 2005 à Ndjamena (Tchad) : les dirigeants de la sous région décident de l’entrée en vigueur du passeport Cemac et de la libre circulation des biens et personnes.

1er juillet 2007 : entrée en vigueur « officielle » du passeport Cemac.

24 juin 2008 à Yaoundé (Cameroun) : le sommet des chefs d’Etats préconise l’accélération du processus de libre circulation.

05 février 2010 : le décret présidentiel N°2010/039 du 05 février 2010 proroge la validité du passeport ordinaire à titre provisoire institué par décret N° 2006/230 du 17 juillet 2006, pour une durée de six mois éventuellement renouvelable, à compter du 17 janvier 2010, en République du Cameroun.

Source : Secrétariat Exécutif de la Cémac

Publié dans Afrique

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