Dr Djimé Adoum : Je me demande s’il s’agit vraiment de moi ?

Publié le par darnainfo


Par le Dr Djimé Adoum

Article écrit par rapport à ce que Hallanga Boulaou Abba-cowboy : Réaction à l’analyse insultante, haineuse et simpliste du Dr. Adoum Djimé:”  Hallanga Boulaou Abba-cowboy. 

Mon intention de répondre n’est pas d’engager une polémique avec le parent Hallanga que je ne connais pas.  Je ne pourrais l’identifier même s’il est à côté de moi.  Je m’excuse de ce manquement. Je voulais juste remettre les choses dans leur contexte pour la postérité.

Premier paragraphe 
: Monsieur Hallanga Boulaou rapportait que j’étais chauffeur dans les années 80 et que j’ai fui la guerre en traversant difficilement le fleuve Chari pour Douala.

D’abord, la guerre a éclaté en février 1979.  C’est douloureux et c’est d’ailleurs depuis cette guerre que le pays n’a plus retrouvé son équilibre.  Je travaillais à l’époque à CARE-Tchad comme chef de projet de construction des greniers ruraux.  L’objectif de ce projet était de réduire les pertes après récolte.  CARE-Tchad avait une subvention de l’USAID et s’inscrivant dans la lutte contre les ravageurs (termites, rats, incendies) il a été jugé opportun de couler les fondations des greniers en béton armé, élevant ainsi les plateformes à 1 m du sol.  Le reste des greniers était fait en argile par des spécialistes de la matière qui étaient en grande partie des Massa.

J’avais aussi comme adjoint un volontaire du Corps de la Paix.  Comme on circulait sur toute l’étendue du territoire, et comme les volontaires dans les régions visitées étaient ses amis, il nous arrivait de nous arrêter pour dire bonjour à quelques uns.  J’avais aussi un chauffeur employé en bonne et due forme.  Il répond au nom de M. Mahamat Chaddallah.  Le sort a voulu que je construise plus de 50 greniers dans la zone de Koumra.  Ma future épouse était alors enseignante à Koumra et c’est là que nous nous sommes rencontrés et de là que partit notre union.  Je vous épargne les détails.

Comme la guerre a éclaté, le gouvernement américain a jugé utile de retirer ses citoyens, d’où le départ du Tchad de mon épouse et de mon assistant.  C’était pénible mais nous leur avons dit au revoir.  Tous les américains étaient donc évacués sur Yaoundé.  Je suis resté derrière. Comme j’étais chef de projet, j’avais donc l’obligation de trouver des solutions à la situation très difficile devant moi.  Etant chef de projet, j’avais avec moi des parents de la zone méridionale et septentrionale.  Comme les choses se compliquaient, j’ai remercié les parents du méridional et j’étais obligé de chercher à ramener ceux du septentrional.  Nous avons réussi à ramener tout le monde à Ndjamena. 

Donc les volontaires américains étaient tous à Yaoundé.  Ma future épouse laissa quelques messages avec CARE-Tchad et l’Unicef.  Comme les activités étaient au ralenti à cause de la guerre, j’avais 3 mois à brûler.  J’étais donc parti à Yaoundé pour trouver mon épouse et suis revenu à Ndjamena 3 mois plus tard.  Elle rentra aux USA.  La guerre persistant et ne sachant à quel saint me vouer dans le bourbier national de l’époque (qui n’est pas différent de l’actuel) j’ai jugé utile de reprendre les études.  Il n’y avait pas plus indiqué pour moi que de rejoindre mon épouse aux USA.  C’est ainsi que j’y suis arrivé en Septembre 1979, et non en 1980 comme l’a indiqué le Sieur Hallanga Boulaou. 
Moyen de vérification :
 Youssouf Boukary qui était consul m’a octroyé le visa de courtoisie de l’Ambassade des USA à Ndjamena.  L’actuel ambassadeur Mahamat Ali Adoum qui est notre représentant permanent aux Nations unies en est un autre témoin.

Qu’est ce que je faisais depuis lors ?


N’étant pas Anglophone, il m’a fallu d’abord étudier la langue.  J’ai donc passé les examens et commencé les cours magistraux à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université du Maryland en Janvier 1981.  J’ai obtenu une licence ès Sciences (ingénieur agronome) en mai 1984.  J’avais bénéficié d’une bourse de la même université qui m’a permis de continuer avec le programme de Masters (DESS) et me suis spécialisé dans les questions de production et de physiologie végétale en me focalisant sur le mais et la patate douce.  Les recherches m’ont pris deux ans accompagnées des cours magistraux.  Entretemps, il m’est arrivé de faire partie d’une équipe pour une étude stratégique pour monter un programme de gestion des eaux dans le Sahel, dont le Tchad fait partie (la stratégie est appelée Water Management Synthesis II).  J’étais en conséquence sous contrat, en qualité d’agronome consultant, pour faire partie de cette équipe.  Nous avons mené toutes les études qu’il fallait au Tchad et avons pondu un rapport qui a servi de document de base pour la stratégie de développement de l’USAID.  Je signale en passant que je suis allé aussi au Tchad 6 mois avant cela.  Moyens de Vérification : M. Brahim Djidda qui était à l’époque Directeur de la Sûreté Nationale et son Excellence Mahamat Ali Adoum, ambassadeur et représentant permanent actuel aux Nations unies, Monsieur Favitsou Boulandi, ancien premier conseiller à l’ambassade du Tchad à Washington.

J’ai obtenu mon Masters (Agronome) en Août 1986.  Comme je me débrouillais assez bien dans le domaine académique, l’Université m’a octroyé une autre bourse pour poursuivre un programme de Ph.D.  C’est ce que j’ai fait et le programme du Ph.D. a commencé en Septembre 1986.  J’étais donc étudiant, sac au dos et courais dans tous les sens sur le campus.  J’étais encore sollicité pour mener une étude de programmation et d’évaluation pour les investissements de l’USAID au Tchad où j’ai passé 2 mois.  Je suis rentré et reçu un coup de fil de CARE-Tchad qui me demandait d’aller au Tchad pour deux ans.  J’ai suspendu la rédaction de ma thèse de doctorat (thèse de Ph.D.) et acceptais avec plaisir de repartir au pays mettre en pratique les petites connaissances agronomiques accumulées à l’Université du Maryland.  Care m’envoya alors au Tchad comme Agronome et Chef de Projet m’occupant de tous les aspects de développement dans la région du Kanem.  Mon travail s’étendait de la ferme expérimentale de Letema à la ferme de démonstration de Nokou.  Moyen de verification : Mr. Ngamay Djari était le Préfet à l’époque et le Sultan Alifa de Mao.  Dans les milieux professionnels, nous pouvons citer MM. Ousmane Haggar qui était à l’ONDR, Ngarmadji, Youssouf Mounouma, Nayel, Benoit, Gonzouné Yaddou, Thom Ahamat, Ngoniri Gos Mbairo et j’en passe...  Je supervisais aussi 3 expatriés.  J’étais le plus fier parce que ce travail m’a vraiment donné l’occasion d’appliquer mes petites connaissances dans la recherche, la vulgarisation, l’agroforesterie, la formation, etc... J’étais très heureux d’avoir encadré plus de 4 000 producteurs dans le Kanem (Gorane, Zaghawa, Arabe, Kanembou, et ainsi de suite).  Je suis revenu aux Etats Unis en Août 1990 pour finaliser le Ph.D. 

J’étais encore sollicité pour aller à Yaoundé fournir une expertise à l’USAID dans ses efforts de privatisation du secteur des engrais.  La première fois que j’ai vu Douala, c’était en route pour Limbe où j’ai présenté avec mon équipe les résultats de ma recherche avec les recommandations stratégiques.
Veuillez vous référer aux archives de l’USAID/Yaoundé
.  Aussi pour vérifier, veuillez vous adresser à Monsieur Malick Alcheikh qui était a l’époque étudiant à l’Université de Yaoundé, au Ministre Dakolé Daissala, au DG Beremadji Beramgoto, à Monsieur Oumar Abouna et au Docteur Amine Ben Barka.
Je suis reparti au Tchad en 1993 lors de la conférence nationale pour clôturer un projet de l’USAID.  Mon rôle était de mettre au point une stratégie pour la poursuite de leurs investissements au Tchad.  
Moyen de Vérification : Son Excellence Mahamat Ali Adoum qui était à l’époque Ministre des Affaires étrangères, Dr. Bichara Cherif Daoussa, DG du ministère de l’Agriculture.  Hôtel la Tchadienne pour 3 mois et demi.  Leurs archives peuvent servir aussi d’attestations.

Toujours au sujet du Tchad, j’étais sollicité par World Vision pour la conception de leur programme de suivi et évaluation.  J’ai sillonné leur zone d’opérations surtout à Moundou et je leur ai déposé un rapport dans ce sens.  Cette étude a servi de base pour leur programme de suivi et évaluation.

De janvier 1993 à juillet 1995, j’étais reparti au Tchad avec l’USAID, cette fois-ci comme Chef de Division Suivi et Evaluation. Je m’occupais de la conception des outils, de la collecte et l’analyse des données susceptibles de démontrer les résultats probants des investissements.  C’était impeccable.  Moyen de Vérification:  Issa Ngarmbassa, DG du ministère du Plan, Emmanuel Mbaroh, Oumar Kalala, George Zegarac, Dr. Bichara Cherif Daoussa, Youssouf Souleymane, Mahamat Tom Haroun, Mahamat Adam Adji, Abdelkerim Koulbou, Mahamat Zen Bada Abbas, Issa Mardo et ainsi de suite.

Mars 1996 à Juin 1996 : Sollicité par la Banque Mondiale pour finaliser la programmation et la mise en œuvre du Projet PSAP.  Le projet était bien ficelé mais détruit au niveau de la mise en œuvre à cause de la gestion.  Moyen de Vérification : M. Bichara Ringou, Directeur, Dr. Djibrine Kiram, Madame Achta Abderamane, Madame Tom Erdimi, M. Mouhammadou Boubakary, DG, Dr. Idriss al Faroukh, Dr. Aboubakar Ourde, Dr. Djabir Adoum, M. Abakar Souleymane.

Septembre 1997 à Décembre 1997 : Parti à deux reprises pour essayer de connecter le secteur privé américain à celui du Tchad.  Moyen de Vérification : Le Président de la République, le Président de l’Assemblée (Premier Ministre à l’époque), Dr. Bichara Daoussa, Dr. Haroun Kabadi, Dr. Ali Abderahamane Haggar, Dr. Amine Abba Siddick, Mr. Laouteg Guelnodji Koumtog), Ministre Mariam Mahamat Nour, feu Premier Ministre Pascal Yoadimnadji, Ministre Ngarbaroum, etc….

Au vu de tout ce qui précède, je pense que la question de mon éloignement du pays ne se pose plus.  

Par rapport à votre question de savoir “pourquoi Monsieur Djimé se montre t-il si haineux envers les Gorane et les Zaghawa ?” 


Ceux qui me connaissent bien et si ma mémoire est bonne, vous diront que j’ai toujours dit à qui voulait l’entendre que le problème du Tchad doit passer par la mise sur pied d’un système de gouvernance et de gestion équitable, permettant aux uns et aux autres de jouer convenablement en fonction de leur capacité.  N’oublions pas que nous sommes plus de 100 ethnies et s’il fallait que chaque ethnie ait son tour au pouvoir, les choses pourraient être très compliquées.  Nous sommes au 21e siècle et si tous les tchadiens pouvaient convenir sur un minimum démocratique, peu importe l’appartenance ethnique du candidat mais celui ou celle qui réussira à monter un projet de société conséquent tenant compte des aspirations des populations gagnera.  Il/elle peut être Gorane, Zaghawa, Hadjarai, Massa, etc. Le reste ne m’intéresse pas.  Vos propos vous trahissent quand vous dites que je voulais barrer la route du pouvoir aux Goranes et aux Zaghawa.  C’est comme si les autres qui tombent sous les balles tirées par des tchadiens de part et d’autre ne comptent pas et que c’est seulement les Goranes ou Zaghawa qui sont les êtres les plus chers au Tchad.  L’état actuel des choses démontre à suffisance la légèreté de cet argument.  Demander aux gens de faire attention aux propos mal placés en utilisant le mot « binôme Gorane-Zaghawa » ne voulait pas dire que quelqu’un veut leur barrer la route du pouvoir.  D’ailleurs si vous avez bien lu ce que j’ai écrit, je demandais à ceux qui s’en prenaient au Général Nouri et M. Erdimi de cesser de les fustiger.  Je rappelais aussi que le problème était ailleurs et que les critiques à l’égard du Général Nouri et M. Erdimi n’étaient mal placées.  Les intéressés eux-mêmes se lamentent comme tous les autres tchadiens que le sang des tchadiens soit versé de manière insensée.  Tout le monde veut que cette guerre fratricide s’arrête.  C’est dans cet esprit que nous sommes entrain de déployer tous les efforts pour aider à solutionner la crise.  Je ne vous ai pas vu attirer l’attention du Général Nouri et de M. Erdimi du besoin urgent, et quand il le fallait, de conjuguer leurs efforts.  Vous me diriez que vous l’auriez peut-être suggéré mais comme je ne vous connais pas, je m’abstiens de tout commentaire.  J’ai fini avec les considérations tribalo-régionales et confessionnelles il y a belle lurette.  Le moment n’est plus opportun de retomber dans ces considérations.  Nous devons plutôt nous atteler à relever le défi et conjuguer nos efforts pour sortir le pays de l’enfer que vous n’ignorez.  

J’ai bel et bien dit à maintes reprises que le Président Deby n’a pas tenu ses promesses par rapport au déroulement du processus démocratique.  Lisez davantage et évitons de tenir ce type de langage dans lequel vous semblez trouver le confort.  Vous ne me connaissez pas du tout et je n’aimerai pas que vous continuez à tenir des propos indignes à mon égard.

Le cas de l’Ambassadeur Soubiane

Je n’étais pas là quand il était ministre de l’intérieur.  S’il s’avérait que des crimes ont été commis sous sa commande, le moment viendra où la lumière sera faite.  Chacun répondra devant la justice à son tour.

Pour ce qui est de la résidence de Washington, l’Ambassadeur Soubiance a en effet rendu service en bazardant la vieille résidence (veuillez vous référer aux archives du ministère des affaires étrangères pour tous les détails).  Ce qui est sûr en ce moment c’est que la résidence qu’il a fait construire fait la fierté du Tchad.  Elle est en ce moment occupée par l’Ambassadeur Mahmoud Adam Bachir.  Moyen de Vérification :  veuillez appeler l’ambassade du Tchad à Washington pour parler aux diplomates.  Vous pouvez aussi appeler n’importe quel membre de la communauté.  Ils vous diront que la résidence est bel et bien occupée par l’Ambassadeur.  Vos propos ne sont donc pas fondés.

Par rapport à vos propos relatifs à la banque mondiale 

J’ai toujours martelé que ces institutions ne nous ont pas rendu service.  Elles octroient des prêts sans outils de contrôle et se sont toujours contentées de jouer une mauvaise comédie avec ceux qui sont aux commandes de l’Etat.  Ce qu’il y a lieu de rappeler c’est que les pays qui sont gérés de manière rationnelle ont bénéficié de leur appui.  Le cas du Tchad fait défaut.  J’ai aussi souligné que le Tchad fait partie des pays les plus corrompus de la planète et se classe parmi les 5 pays les plus pauvres.  Nul besoin de dire plus.  Moyen de vérification : Transparency International, Human Rights Watch,  Banque mondiale, Nations unies, les organisations de défense des droits de l’homme locales, etc.
Je m’en passe de votre dernier paragraphe.  Il est ordurier et comme il ne me représente en rien, j’ai jugé inutile de m’y attardé. 

En somme : le Tchad, pays très divers est extrêmement riche dans sa composition tribalo-ethnique. Jusqu’à l’avènement du pétrole, le pays est agro-pastoral d’où plus de 80% de la population est à vocation agro-pastorale.  Il est aussi classé parmi les pays les plus pauvres de la planète malgré l’exploitation du pétrole qui lui ramène des sommes très importantes en ce moment.  Avec une population de moins de 10 millions, le Tchad peut concevoir des programmes de développement durable sans trop de peine.  Cela nous permettra de décoller pour nous inscrire dans le concert des nations.

Malheureusement, le pays est très mal géré depuis bientôt 40 ans.  La guerre ne résout aucun problème (je sais et je l’ai répété à maintes reprises : le concept de “je ne suis pas venu par billet Air Afrique” a démontré ses limites).  Malgré la guerre, beaucoup de citoyens n’ont pas baissé les bras.  Dans cette situation de confusion, vouloir m’informer “que je barre la route au pouvoir Gorano-Zaghawa” est tres limité.  Cette manière de raisonner n’avance pas la cause dans le monde contemporain.  Les gens lisent ce qui est publié et même si les Gorane et les Zaghawa n’ont pas tout dit de ce qu’ils feront de ce pouvoir s’ils arriveraient à le garder par les armes, vos propos ne sont pas de nature à calmer les esprits.  Vous ferez mieux de vous inscrire dans la logique du solutionnement par la voie autre que celle des armes.  D’ailleurs c’est ce que disent le Général Nouri et M. Erdimi. 

Alors, je me demande d’où est ce que vous détenez cette manière de voir les choses ?  La fonction de chauffeur parmi tant d’autres occupations, est un moyen très noble qui permet à l’être humain de gagner honnêtement un salaire pour subvenir à ses besoins élémentaires. Je l’aurai aimé volontiers si telle avait été ma destinée, mais les choses se sont passées autrement.

J’espère que les clarifications que j’aie fournies vous permettront de faire une critique plus objective. Bien des choses à vous, bonne fête de l’Aid Al Adha, de Noël et de fin d’année.


Djimé D. Adoum, Ph.D.

Publié dans Tchad

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